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Le groupe de tête est sur des rails depuis plusieurs jours avec pour destination le cap de Bonne Espérance que les premiers devraient atteindre dans quatre jours. Ils pulvériseront au passage le temps de référence établi il y a quatre ans.
La porte s’est refermée pour les poursuivants qui doivent gérer une zone anticyclonique avec des vents plus faibles. D’Alex Thomson à Didac Costa, chacun des 27 concurrents fait face à des problématiques différentes.
« La barrière est fermée et en panne, le préposé est en grève donc on ne peut pas la bricoler. Allons-y gaiement pendant que les sept mercenaires sont toujours à 20 nœuds… Ah ! L’Ingratitude de la Course au Large… au moins, nous on profite du paysage! » Kito de Pavant (Bastide Otio) préfère rire de ce phénomène de passage à niveau. Depuis le cap Finisterre, la flotte est toujours partie par devant et Kito, comme la majorité de ses concurrents, ne peut que voir les fusées s’envoler et constater un accroissement constant des écarts…
Plusieurs passages à niveau
Les vitesses de déplacement des premiers concurrents et du front étant assez proches, ils arrivent à se maintenir dans ce système météo. Ils naviguent toujours très vite en avant du front froid et ont tout intérêt à mettre du charbon, comme le rappelle Great Circle : « S’ils ralentissent, le front se déplacera plus vite qu’eux et les rattrapera. Le vent basculera à l’Ouest en mollissant. Ils seront alors sérieusement ralentis et devront tirer des bords plein vent arrière. »
Kito de Pavant et d’autres ont déjà affublé les meneurs de la flotte d’une appellation qui leur va comme un gant : « les sept mercenaires ». Dans des conditions toniques (25 à 30 nœuds de vent, mer formée), Alex Thomson (Hugo Boss) n’a visiblement pas besoin de foil pour mener sa monture à plus de 20 nœuds. Dans cette course de vitesse, il stabilise l’écart avec Sébastien Josse (Edmond de Rothschild, 2e à 85 milles à 15h) et Armel Le Cléac’h (Banque Populaire VIII, 3e à 95 milles).
Ce matin, Morgan Lagravière (Safran) s’est emparé de la 4e place au détriment de Vincent Riou (PRB). On trouve donc désormais quatre foilers aux quatre premières places. On note que ce lundi, deux marins ont dépassé les 500 milles parcourus en 24 heures : Morgan Lagravière (508 milles) et Jérémie Beyou (sur Maître Coq avec 504 milles). Jérémie Beyou, 7e, a désormais Paul Meilhat (SMA) en ligne de mire. L’écart s’élevait à 90 milles hier à 15h, il n’était plus que de 66 milles ce lundi à la même heure. Ce groupe de sept ne devrait faire qu’accentuer son avance dans les jours qui viennent, avant de devoir négocier une zone de transition en fin de semaine…
Prendre son mal en patience
Toujours intercalé entre les échappés et le peloton, Yann Eliès (8e à 763 milles à bord de Quéguiner-Leucémie Espoir) cravache pour attraper un couloir de vent qui lui permettrait de limiter les dégâts face à ceux de devant, même s’il sait qu’il accusera quoi qu’il en soit plusieurs jours de retard à Bonne Espérance.
Dépassés par le front, les autres concurrents ne bénéficient plus de ce régime favorable à la vitesse. Ils doivent contourner une vaste zone anticyclonique et donc peu ventée. Dans quelques jours, ils attraperont (enfin) le train des dépressions qui circulent dans le Sud, au devant desquelles ils pourront aller jusqu’à Bonne Espérance. Tous espèrent que la roue tournera enfin, que le groupe de tête concédera enfin un peu de terrain en butant dans des dorsales.
Puis, un groupe de trois livre une belle bataille, il est composé de Jean Le Cam (Finistère Mer Vent), Jean-Pierre Dick (StMichel-Virbac) et Thomas Ruyant (Le Souffle du Nord pour le Projet Imagine). « Quelle course ! Devant ils se bagarrent comme des malades, nous aussi on se bagarre, tout le monde se bagarre ! », s’enthousiasmait ce matin le Roi Jean.
Un groupe de sept, de Louis Burton (Bureau Vallée, 13e) à Nandor Fa (Spirit of Hungary, 19e), continue à gagner dans le Sud et fait route face à la complexité météorologique qui s’annonce.