Vincent RIOU contraint à l’abandon


Vincent Riou, qui suite à un choc avec un OFNI, est dans l’obligation abandonner. Les « sept mercenaires » ne sont donc plus que six.

Alex Thomson, Sébastien Josse et Armel Le Cléac’h continuent à filer en avant d’un front qui a « croqué » leurs trois premiers poursuivants. Yann Eliès, lui, a réussi à se glisser dans son fameux « trou de souris », cette veine de vent qui lui permet de progresser vers Bonne-Espérance. Derrière, on prend son mal en patience face à un anticyclone qui barre la route. L’effet tampon joue à plein et on constate un resserrement en milieu de flotte. De Fabrice Amedeo (13e) à Nandor Fa (19e), sept concurrents se tiennent en moins de 100 miles. Et ceux de derrière recollent…

Vincent Riou jette l’éponge

Suite à un choc avec un OFNI dimanche, Vincent Riou (PRB) n’a pas, dans un premier temps, détecté de dégât et a continué sa route. Quelques heures plus tard, sa quille est entrée en résonnance et émis des bruits stridents et constants. Témoins d’un effort anormal sur l’appendice, ces bruits ont continué à s’amplifier dans la nuit de dimanche à lundi. Vincent Riou raconte la suite des événements : « J’ai continué à naviguer pendant 24 heures. Mais le bruit n’a fait qu’augmenter jusqu’à hier en fin de journée où j’ai commencé à entendre des bruits métalliques en plus des bruits de carbone. J’ai compris que le palier était endommagé et que l’axe commençait à toucher la cage du palier. J’ai contacté les gens qui ont travaillé sur ce bateau. Ils ont essayé d’imaginer ce qui pouvait se passer. Ils m’ont amené à la même décision : à court terme, ce n’était pas risqué car les pièces sont largement dimensionnées mais assez vite, cette friction métal sur métal risquait des dégâts plus graves. C’est compliqué de s’engager sur un tour du monde avec une avarie comme celle-là. La déception est importante. Mais c’est comme à chaque fois, il faut continuer à vivre et pour moi, la suite, c’est ramener mon bateau en toute sécurité quelque part à terre. Le plus simple pour moi est de faire route vers l’Afrique du Sud, Cape Town. Je suis en train de regarder si je peux trouver là-bas tout ce qu’il faut. On s’organise avec l’équipe. »

La course continue, à des vitesses record pour les autres leaders

Ce Vendée Globe est décidément très rapide, du moins pour la tête de course qui a déjà parcouru un quart du tour du monde, et ce après seulement 16 jours de course. Le gros du peloton a fait 16% du parcours et le dernier concurrent (Didac Costa) 11 %…
Depuis le départ des Sables d’Olonne, le leader Alex Thomson (Hugo Boss) affiche une vitesse de 15,6 nœuds sur l’orthodromie (route directe). S’il maintenait ce rythme, le parcours du Vendée Globe pourrait être bouclé en… 64 jours ! Voilà qui paraît bien improbable car les conditions ne seront pas idéales sur toute la durée du tour du monde. A titre de comparaison, il y a quatre ans, François Gabart avait bouclé le Vendée Globe en 78 jours, à la vitesse moyenne de 13 nœuds sur la route théorique.
Une chose paraît acquise : le temps de référence à Bonne Espérance va être explosé. D’après les derniers routages, les leaders devraient franchir le premiers des trois grands caps vendredi matin, après environ 19 jours de course, soit quatre de moins que la performance record réalisée par Armel Le Cléac’h lors de la dernière édition du Vendée Globe (en 22 jours 23 heures et 46 minutes).

Le trio de tête toujours « à front »

Alex Thomson, Sébastien Josse (Edmond de Rothshild) et Armel Le Cléac’h (Banque Populaire VIII) continuent à filer bon train en avant du front dépressionnaire qui les propulse depuis plusieurs jours.
Dans la journée, Jérémie Beyou (Maître CoQ), Paul Meilhat (SMA) et Morgan Lagravière (Safran) se sont fait rattraper par ce front. Ils ont donc un peu moins de vent et ralentissent. Au pointage de 15h ce mardi, Maître CoQ et SMA naviguaient entre 11 et 12 nœuds, Safran à 17 nœuds et Alex Thomson à 21 nœuds. On l’a compris, plus on est en avant de la flotte, plus ça va vite ! L’avance des trois meneurs pourrait donc s’accentuer dans les heures qui viennent, provisoirement du moins, car Thomson, Josse et Le Cléac’h ne sont pas à l’abri du ralentissement qui sera sans nul doute apprécié tant la navigation est tonique actuellement…

Trou de souris et tentacule anticyclonique

Le bon coup stratégique est à mettre à l’actif de Yann Eliès (Quéguiner-Leucémie Espoir). En bon Figariste, il a réussi à se placer là où il fallait et a réussi à garder un couloir de vent étroit qui lui permet d’aligner des vitesses très honorables comparées à celles de ses poursuivants… Yann Eliès : « Je ne vais pas crier victoire mais je crois que j’ai réussi à me glisser dans ce trou de souris que j’évoquais il y a quelques jours. Cela me rappelle le Trophée Jules Verne 2005 avec Orange 2 : nous avions déjà réussi à couper l’anticyclone de Sainte-Hélène grâce à une petite bande de vent ! »
La situation est beaucoup plus compliquée pour le peloton encalminé dans une zone de hautes pressions qui freine considérablement les concurrents. Jean-Pierre Dick (StMichel-Virbac) n’en revient pas : « L’anticyclone de Sainte Hélène est vraiment terrible, j’en ai fait l’expérience cette nuit en naviguant à 2 nœuds ! Ce sont les pires moyennes que j’ai réalisées en IMOCA. Je n’avais pas besoin de ça pour me rappeler que mes petits camarades sont à plus de 1000 milles devant maintenant… »
Pour Jean-Pierre et le gros de la flotte, la patience reste de rigueur avant de toucher du vent en accrochant un nouveau train de dépressions.
Derrière Jean Le Cam (Finistère Mer Vent, 9e), Jean-Pierre Dick (10e), Thomas Ruyant (Le Souffle du Nord pour le Projet Imagine, 11e) et Kito de Pavant (Bastide Otio, 12e), on observe une compression de la flotte. L’effet tampon joue à plein. Sept concurrents, du 13e au 19e, se tiennent désormais en moins de 100 milles. On trouve dans ce groupe compact Fabrice Amedeo (Newrest-Matmut), Louis Burton (Bureau Vallée), Kojiro Shiraishi (Spirit of Yukoh), Stéphane Le Diraison (Compagnie du Lit-Boulogne Billancourt), Conrad Colman (Foresight Natural Energy), Arnaud Boissières (La Mie Câline) et Nandor Fa (Spirit of Hungary).
Et ceux de derrière reviennent fort : Toujours au coude-à-coude, Romain Attanasio (Famille Mary-Etamine du Lys) et Eric Bellion (CommeUnSeulHomme) se rapprochent de ce groupe, tout comme l’Américain Rich Wilson (Great American IV). « D’ici 24h, on va vivre un nouveau départ avec une dizaine de concurrents », annonce Stéphane Le Diraison.

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